Louis ELLE dit FERDINAND l’Aîné  (Paris 1612 – 1689 Paris)

Vers 1650

Portrait présumé de Louis FABERT (1651-1669 Candie)

Huile sur panneau, 36,3 x 27,3 cm

Porte une inscription au crayon au revers "M Lacouture / à / Franchesse"           


                                                         

PROVENANCE


· France, collection particulière, d’un château des environs de Bergerac jusqu'en février 2025



L’ARTISTE


        Surnommés « Ferdinand » ou « Elle Ferdinand », les Elle sont une famille de peintres d’origine flamande actifs entre 1601 et 1717. Le premier de la lignée, Ferdinand Elle (vers 1580-1637), probablement originaire de Malines, vint en France au tout début du XVIIe siècle. Protestant, il œuvra d’abord à Fontainebleau, avant de s’installer dans le quartier parisien de Saint-Germain-des-Prés dont la maîtrise, profitant des franchises concédées par l’abbaye, accueillait volontiers les peintres étrangers à l’inverse de la corporation parisienne. Son nom manquant d’originalité, il se fit connaître sous son prénom de Ferdinand, repris ensuite par ses descendants pour mieux marquer la continuité de l’atelier : ses deux fils, Louis Elle l’Aîné ou le Père et le graveur Pierre Elle (1617-1665), puis le fils de Louis, Louis Elle le Jeune (1649-1717).
Portraitiste renommé, maître à la corporation de Saint-Germain, Louis Elle l’Aîné œuvrait pour les grandes familles parisiennes, les courtisans les plus éminents et les membres de la famille royale, parmi lesquels la Grande Mademoiselle, la reine Marie-Thérèse d’Autriche, Philippe, frère de Louis XIV, et le souverain lui-même. Dès février 1648, l’artiste appartenait à l’Académie de peinture et de sculpture, qui l’élit professeur en 1659. Le durcissement de la politique royale à l’égard des protestants mena cependant à son exclusion le 10 mars 1681, lui faisant perdre une partie de sa clientèle et les commandes officielles. Elle Ferdinand abjura deux mois et demi après la révocation de l’édit de Nantes le 18 octobre 1685, ce qui permit sa réintégration immédiate à l’Académie et un retour en grâce.



L’ŒUVRE


      Notre tableau est à rapprocher du Portrait du maréchal Fabert (fig.1) (Panneau de Melchior de Bout, 36 x 26 cm, vente à l'Hôtel Drouot, Maître Joron Derem), identifié par comparaison avec les portraits de Louis Ferdinand Elle conservés au musée de Metz. Louis (1651-1669), marquis de Fabert, reçoit le gouvernement de Sedan en survivance et décède prématurément lors du siège de Candie à peine âgé de 18 ans. 


FIG.1.



   Le style et le support sont similaires aux quatre portraits acquis récemment par le château de Versailles (E. Vaysse, "Louis Elle "le Père" et la mode du petit portrait à Paris au milieu du XVIlème siècle (1640-1660), dans La Revue des Musées de France, 2019, 4, pp. 45-58).

Notre tableau vient compléter le corpus des petits portraits de Louis Elle que dénombre Elodie Vaysse dans son article (op. sup.). Au revers de notre tableau, nous pourrions remarquer la marque, estompée par le papier, du pannelier Melchior de Bout (actif à Paris de 1625-1626 à 1658). Le support est composé de trois panneaux de planches, comme la série des quatre tableaux acquis par le château de Versailles.


       Notre composition, très proche de celle du maréchal Abraham de Fabert (fig.1) et de mêmes dimensions, paraît cependant plus soignée. Le modèle, très jeune, avec l’écharpe de commandement, ne peut être que Louis fils du maréchal et qui fut tué au siège de Candie à l’âge de 18 ans. Tout laisse penser que Louis ELLE aura peint le modèle posthume, à la fois en hommage à Louis mort jeune au combat et en mémoire de son père Abraham.

 

 

 

 

Bibliographie générale


- Elodie VAYSSE, Les Elle « Ferdinand », la peinture en héritage. Un atelier parisien au Grand Siècle (1601-1717), thèse de l’École des chartes, dir. Alain Mérot, 2015.


- Jean AUBERT, Emmanuel COQUERY, Alain DAGUERRE DE HUREAUX (dir.), Visages du Grand Siècle. Le portrait français sous le règne de Louis XIV. 1660-1715, cat. exp. Nantes, musée des Beaux-Arts, Toulouse, musée des Augustins, Paris, Somogy, 1997.