Charles-Joseph NATOIRE (Nîmes 1700 - 1777 Castel Gandolfo)

Les Saintes Femmes

Circa 1750/54

Huile sur toile, 71 x 107 cm



PROVENANCE

- Collection privée Bourgogne, jusqu'en juin 2023



   

            Fils d’un architecte de Nîmes, Natoire se rend tôt à Paris où il est l’élève de Louis Galloche (Paris 1670 – id. 1761) et de François Lemoyne (Paris 1688 – id. 1737). En 1721, il obtient le premier prix de peinture à l’Académie, qui lui permet de séjourner à Rome de 1724 à 1727. De retour à Paris, il est reçu académicien en 1734 et réalise d’importants décors pour les églises, le château de Versailles (Chambre de la reine) et des particuliers, ainsi que des cartons de tapisseries pour les Gobelins et Beauvais. En 1751, il est nommé directeur de l’Académie de France à Rome. Il se consacre alors à la pédagogie et découvre le paysage. On lui doit aussi le décor de l’Apothéose de saint Louis à Saint-Louis-des-Français. Remplacé en 1775 par Joseph Vien (Montpellier 1716 – Paris 1809), il préfère demeurer à Rome. Également membre de l’Académie Royale de Toulouse, il était en relation avec Jean-Baptiste Despax (Toulouse 1710 – id. 1773).


             Totalement inédit, notre tableau laisse immédiatement reconnaître les caractères distinctifs du style du fameux peintre-académicien Charles-Joseph Natoire (1700-1777). L'on devine aussi que le sujet dont il est question appartient au Nouveau Testament, la jeune femme de gauche ayant toutes les chances d’être sainte Marie-Madeleine. La longue chevelure et le vase d’onguent qu’elle met en évidence permettent de la reconnaître comme tel. Le fait est que le regard des personnages est dirigé hors de la composition, ce qui laisse penser que celle-ci était à l’origine plus étendue. Le découpage des figures à micorps irait d’ailleurs dans le même sens. L’expression des deux jeunes femmes serait susceptible de nous délivrer la clef quant à la nature du sujet illustré. Se lit en effet sur leurs visages la surprise, voire même l’effroi. Tout semble prouver que nous sommes en présence de la scène des Saintes Femmes au Tombeau.

Par les sources, nous savons que Natoire reçut commande avant 1750, d’une Apparition de l’ange aux Saintes Femmes pour la chapelle Noailles à la Cathédrale Notre Dame de Paris. Le tableau a disparu à la Révolution mais nous connaissons un dessin préparatoire à l’ange assis auprès du tombeau qui se trouve conservé au Louvre (inv. 31431) (fig.1).

FIG.1.  © Paris, musée du Louvre

Charles-Joseph NATOIRE

Étude d'ange assis près du tombeau du Christ

Pierre noire, lavis gris et rehauts de blancs sur papier gris pâle, 50,3 x 36,7 cm

Louvre, inv. 31431       




Existe aussi, au Louvre, un dessin d’ensemble qui est peut-être une copie, voire même sans doute une contre-épreuve de la composition à laquelle Natoire avait songé (inv. 31464 ) (fig.2).

FIG.2.  © Paris, musée du Louvre

d'après Charles-Joseph NATOIRE

L'ange et les trois Saintes Femmes au tombeau du Christ

Pierre noire et rehauts de blanc sur papier calque, 34,3 x 26,7 cm

Louvre, inv. 31464



L’artiste avait originellement placé sainte Marie-Madeleine agenouillée aux pieds de l’ange avant de la redresser face à celui-ci. Le dessin ainsi copié était d’ailleurs très certainement celui que l’on trouve sous le numéro 309 de la vente Natoire du 14 Décembre 1778 (Lugt 2928), décrit comme tel : « Les trois Maries au tombeau ». Signalons aussi l’existence d’un modello de cette grande composition. Nous en avons trace dans le catalogue de vente Le Brun du 22 Septembre 1774 (Lugt 2325) sous le n° 111: « Les trois Maries au tombeau; un ange environné d’une Gloire, est assis sur la pierre qui le couvre (…) sur toile, de 13 pouces de haut sur 10 pouces de large » (vendu 48 lt à Hammon). C’était à coup sûr le même modello qui réapparut dans la vente Paillet du 30 Janvier 1782 (Lugt 3354) sous le n° 71: « Les Saintes Femmes allant visiter le tombeau de Jésus-Christ. Ce tableau est d’un dessin rendu [sic] & agréable. Hauteur 1 pied, largeur 8 pouces. Toile » (vendu 80 lt à Calonne).


    Il est avéré qu’à son arrivée dans la Ville éternelle comme nouveau directeur de l’Académie de France à Rome (1751), Natoire avait considérablement diminué son activité de peintre. Sachant aussi que notre peinture était destinée à la cathédrale de Notre-Dame de Paris et peinte probablement à Rome, elle acquiert sans doute une dimension d’autant plus précieuse.


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